Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

C'est moi qui l'ai fait !

12 septembre 2018

La dame à la licorne, c'est moi !

Bien longtemps que je n'avais rien montré mais là, je suis pas peu fière !

Voici ma réalisation d'Aout, un magnifique défi relevé sans aide ni patron...

J'ai choisi mon modèle, la très célèbre Dame à la Licorne que j'ai eue le plaisir de voir en vrai et en grand au musée de Cluny il y a longtemps... Parmi les 6 costumes possibles, j'ai choisi celui-là car le jupon relevé me plaisait beaucoup et parce que la couleur dominante est le bleu, pratique pour incarner l'élément EAU dans un mariage médiéval !

La Dame à la licorne Panorama de l'art

image

C'est l'allégorie de l'odorat

MAGNIFIQUE, non? Reproduire un costume historique me passionait et j'ai adoré !

Que pensez-vous du résultat?

IMG_20180825_165323

 

Je vais refaire la ceinture plus longue et il me manque la courronne fleur, que je comtpe transformer en pochette pour y dissimuler les instruments de la modernité ;-). J'hésite à rajouter des perles sur la coiffe !
Et comme il faisait froid, vous ne voyez pas les manches... Je referai une photo ce WE au Roi de l'Oiseau ;-)

Si cela intéresse, je pourrai expliquer comment je m'y suis prise !

Publicité
2 mai 2010

Les deux...

J'ai fait ! Le BB et la gigoteuse... Avec la petite queue dans le dos... par contre, pour la broderie, je suis tjs nulle...

D_but_2010_124

26 mai 2009

Berceau

Et sinon, j'ai aussi refait le couffin en osier, ça donne ça... J'ai juste acheté le tour tout fait, de désespoir de trouver du matelassage coordonnée...printemps_09_058
printemps_09_064

Petit voilage pour protéger des chats... ? Turbulette, oreiller, tour de lit et capote assortis...

26 mai 2009

BB en vue... Sac à langer

Depuis septembre, j'attends BB2 ; son arrivée est imminente ! Du coup, le papa noel m'a amenée une super nouvelle machine et du coup... j'ai plein de choses à vous montrer, enfin, après une très longue pause...

Tout d'abord j'ai repris et fini le sac à langer commencé il y a 3 ans du tmeps où je pensais que ma Fleur aurait des couches... Voilà l'objet, entièrment pensé et réalisé par moi !

printemps_09_018printemps_09_017
Il se porte en sac à dos ou en bandoullière et s'ouvre d'abord comme un sac (vide pour le moment)

printemps_09_016
puis comme un sac à langer avec tout bien rangé à portée de mains
printemps_09_013

Voilà, y a plus qu'à l'utiliser pour voir si c'est aussi bien que je l'espère... je voulais quelque chosequi ne soit pas un fourre tout...

2 juin 2008

Nouveau blog...

Ca y est, tous les posts concernant mon super boulot de prof et mes interrogations, essais, indignations etc... Sont désormais regroupés sur http://profnonconforme.canalblog.com

Et cela se remplit bien ! ;-)

Publicité
15 avril 2008

Histoire utile en primaire...

Un collègue instit m'a demandé ce qu'attend un prof de collège en histoire d'un élève de 6 ème, pointant sa difficulté à enseigner ceci de façon intéressante malgré son intérêt pour ma matière Et bon, ça m'a fait cogiter alors je livre le fruit de mes cogitations à tous des fois que cela puisse intéresser d'autres personnes...

Bon, honnêtement, on n'attend rien car on reçoit vraiment... Tout et son contraire : spécialistes de l'Egypte de la GM2 de la préhistoire ou de rien... Et on reprend tout...

Qu'est-ce qui serait utile aux élèves ? Et qu'on ne retravaille pas ??? Des grands repères chrono et spatiaux...

Pour l'espace, connaitre bien le planisphère, les continents qui y vit et aussi utiliser la rose des vents... J'utilise en 6 ème ce jeu que je trouve sympa et à mon avis utilisable en primaire

http://histgeo.discip.ac-caen.fr/ludus/fichjeu/fjgeo.htm

Si vous êtes intéressé, j'ai des cartes toutes faites que je peux vous mailer...

Ici, vous trouverez aussi des activités montessori sur le relief et le globe que je trouve sympa (date du 5/10/07)

http://aidalavie.blogspot.com/

En histoire, avoir une perception précise de la longue durée et de l'ordre d'arrivée des événements... Même en 3ème, certains élèves sont surpris de découvrir que je n'ai pas vécu la GM1 et encore moins rencontré Louis XIV ; ils tombent des nues quand je leur dis qu'internet n'existait pas il y a 20 ans et que leurs grands parents n'avaient pas la télé...

Pour cela, j'ai 2 pistes : faire réaliser une frise chrono au début jusqu'en 1900, les placer eux, leurs parents et grands parents (gommettes) et les principaux événements, (activité décrite dans le CD rom démarrer en PF) puis remonter ensuite le temps, faire réaliser des fiches recherches qu'on place sous les événements comme ce modèle :

http://arboressences.com.free.fr/plugins/references/viewfiche.php?lng=fr&nom_fiches=Astuces&fiche=Frise%20magnétique

Un fichier utile ici :

http://jlgrenar.free.fr/spip/spip.php?article13

Moi, je suis en train de la faire réaliser par mes élèves en IDD...

Et ensuite, pour mémoriser, on peut utiliser/adapter le système de Bruce de Maugé

http://bdemauge.free.fr/index_0708journaldebord.htm

que je vais reprendre pour mes 3èmes qui ne retiennent pas leurs 30 dates de repères...

Voilou ! Je sais pas si c'est clair/utile mais... C'est écrit ! ! !

Posez moi vos questions si il y a et dites moi si ça vous est utile ! ! !

11 avril 2008

Contre pétition...

Cette affaire a défrayée la chronique, vous savez la gifle du prof sur un élève... Et m'a souvent donné honte d'etre prof, c'est pourtant pas évident  ! ! ! Je trouve, dans l'absolu,inadmissible qu'on tolère voire qu'on aplaudisse quand un adulte frappe un enfant... (D'ailleurs, je ne frappe jamais ma fille) mais plus encore quand les faits sont déformés et exploités au service d'une idéologie passéiste... L'école doit apprendre aux élèves la non violence et là, c'est tout le contraire...

Voilà, allez ici lire ce qui s'est VRAIMENT passé d'après le compte rendu du procureur... Et signez la pétition si vous dit...

http://petition.et-pourtant.org/php/index.php

4 avril 2008

Introduction de techniques Freinet... Phase 1

Alors, je commence tout doux par une petite révolution de méthodes : jusqu'à présent, chaque point de mon cours se construisait par une fiche d'exo que les élèves faisaient en autonomie puis qu'on corrigeait ensemble et grace à laquelle on construisait plus ou moins ensemble la leçon que je dictais... C'était très frustrant pour moi car beaucoup attendait la correction au mieux en ne faisant rien... Et je n'avais aucun contact particulier et l'impression d'être utile à personne...

Alors, pour essayer de changer ça, je fais autrement depuis 1 mois : en début de chapitre, je donne la date de l'évaluation à laquelle tous les élèves doivent avoir tout fini et j'affiche le plan de travail puis chacun avance à son rythme et je passe pour valider les réponses... J'ai prévu des approfondissments et jeux pour els plus rapides ! En 4ème, j'ai autorisé le travail en groupe de 4 mais pas en 5ème, je sais pas pourquoi !

Bilan alors que les chapitres sont presque terminés :
POsitif : j'ai réussi à parler et conseiller TOUS les élèves et ça s'est cool ! Il me semble que plus de monde travaille, surtout les élèves sur le fil même si il reste des incurables... A voir si il restera plus de choses dans leurs têtes... Les élèves bougent, utilisent totues les ressources dispo...
A améliorer : La gestion du niveau sonore et s'assurer que les attitudes passives ne se retrouvent pas dans les groupes ou certains bossent et les autres attendent... Cela devrait pouvoir se résoudre par une distribution de role interne au groupe : responsable du silence/ de la participation... Et aussi en intégrant une première phase de travail personnel avant mise en commun !
                     En 5ème, c'est dur de tout corriger individuellement, il y a des files d'attente ! Je peux améliorer ça en nommant correcteurs les élèves qui ont fini les premiers...
                      Beaucoup de papiers à brasser : relier et protéger les fichiers d'ex, les mettre en libre accès pour que les élèves soient autonomes -> réorganiser mon placard et l'ouvrir ! ! !
                     Créer des fichiers ressources type vocabulaire, dates où les élèves archivent leurs recherches...
                     Ne pas arriver avec un truc tout prêt mais laisser les élèves construire le cours en partant de leurs questions, idées avec un brainstorming de départ puis des recherches ??? Sur les chapitres les plus réactifs ???

En 3ème, je vais introduire le 3 minutes plus débat sur sujet au choix... Et peut être le quoi de neuf dans une classe qui part dans tous les sens... Ce sera la phase 2 ! ! ! J'essaie aussi de me faire acheter des puzzles cartes de france, du monde pour voir si ça rentre mieux en relief et mouvement

2 avril 2008

Victor II

N’oublions jamais que Victor est beau et fragile comme du cristal.

- Il s’agit de lui poser des limites certes, mais avec bienveillance. Imaginons … Lorsqu’il a voulu s’approcher du four, sa maman lui a pris la main, lui a expliqué le danger de s’approcher. Victor n’a pas compris. Sa maman lui a repris la main, elle lui a nommé qu’il n’avait peut-être pas compris, que c’était normal parce qu’il est petit. Alors, elle l’a emmené vers un autre adulte pour qu’il le garde le temps nécessaire. Ou alors, elle a différé l’allumage du four. Ou alors elle l’a placé en hauteur. Ou alors… A nous d’imaginer. Dire non gentiment, mais tenir ce non, c’est protéger l’enfant, le rassurer, lui permettre de grandir en paix sans être angoissé par un sentiment de toute puissance.
- Ne frappons jamais ce petit Victor, même une petite fessée ou une tape sur la main, une secousse ou une oreille tirée. Même si son attitude nous a mis hors de nous, il pourrait croire qu’une des réponses possibles, c’est la violence : frapper. Je l’entends au fond de son cœur blessé : « Mes parents me frappent, donc c’est normal, légitime. Si je frappe et qu’ils me frappent pour me dire que je n’ai pas le droit de frapper, je ne comprends plus ! Quand on s’aime, on se frappe, je ne comprends plus ! Peut-être qu’ils ne m’aiment plus, qu’ils ont honte de moi, que je suis un mauvais fils ! Je ne vois plus souvent dans leurs yeux la flamme de l’amour, de la fierté de m’avoir comme enfant…  »
Il est important d’actionner le levier de l’intelligence et de la compréhension plutôt que le levier de la peur, même quand l’enfant est en très bas age. Il ne comprend pas le message mais il intègre les attitudes bienveillantes, les tonalités, la sécurité d’être dans ce milieu protecteur. Il n’y a pas d’âge spécifique où l’éducateur doive commencer. Dès la naissance, d’autres diront dès la conception, l’enfant doit être sollicité avant tout sur le registre de l’intelligence, même quand celle-ci n’est qu’au début de son développement.

- Quand ils ont rencontré la maîtresse du CP, ils l’ont écouté. Elle leur a nommé tous les aspects positifs qu’il avait en lui. Cela lui a fait du bien de les entendre car il avait un peu peur. Puis la maîtresse a nommé quelques difficultés en demandant à tous, y compris à Victor, comment faire. Ils se sont parlé. Quelle est chouette cette maîtresse ! Elle donne envie d’encore mieux faire, d’encore plus l’écouter et de ne pas hésiter quand on ne comprend pas quelque chose à lui demander. Victor avait quand même un peu peur qu’elle ne le gronde mais il se sent rassuré. Il a lu dans les yeux de ses parents qu’ils ne s’inquiétaient pas, qu’ils avaient confiance en lui. Ses parents l’aiment. La différence, c’est qu’il le voit et qu’ils le lui disent. Même s’il devait apprendre à lire avec un temps de retard sur d’autres, cela ne remettrait jamais en cause leur amour et leur croyance indéfectible en la réussite de leur enfant. Ils vont l’aider encore plus. Ils ont pris leur part de responsabilité. Ils n’ont pas laissé Victor porter seul tout le poids de cette difficulté passagère. Il a apprécié que ses parents parlent d’eux et non sur lui. Ils lui ont expliqué qu’ils ne lui avaient peut-être pas assez porté attention. Victor ne se sent pas seul devant l’obstacle. Il se sent rassuré. Son énergie pour réussir est décuplée. Il voulait de l’aide, mais il est encore petit et il ne sait pas comment s’y prendre. Ses parents sont là pour ça aussi.
Relevons ce qui est positif chez l’enfant plutôt que ce qui n’est pas exact, que ce soit dans un comportement à la maison, une note en classe, une attitude en sport… Notons la réussite au lieu du déficit ! Commençons toujours une rencontre par le côté positif et continuons avec les points à améliorer. Cherchons des solutions pour ce qui est à améliorer. Ne cherchons pas à culpabiliser l’autre, surtout si c’est un enfant. Quand nous, éducateurs, sommes en colère, parlons avec des phrases « je ». Je suis en colère quand tu fais cela… Je ne me sens pas respecté… Je ne comprends pas… Explique moi. Voilà moi ce que je ressens…

Quand Victor s’est battu au collège sur la cour, il était très en colère et dans l’incompréhension qu’on puisse taper un plus petit que soi. Il était hors de lui. Il aurait eu besoin de temps pour se calmer et retrouver ses esprits. Le surveillant n’ayant pas le temps matériel de gérer ce conflit les a emmenés tranquillement chez la principale qui a ce don de savoir parler aux jeunes. Elle est très respectée par l’ensemble des personnes du collège, y compris les enfants. Elle sait bien qu’il est normal qu’un enfant transgresse des règles. Comment pourraient–ils les intégrer autrement qu’en en transgressant quelques unes ? Cette responsable d’établissement scolaire a intégré complètement qu’une transgression de règles est une belle occasion pour apprendre. C’est, pour elle, un espace d’apprentissage de la vie en synergie avec les autres et le Monde.
Elle leur a demandé ce qu’il s’était passé pour chacun d’eux puis elle les a interrogés sur leurs ressentis. Elle a écouté les émotions de chacun sans jamais les remettre en cause, elle les a pris en compte. « Qu’est ce qui te fait dire cela sur cette personne ? Explique moi ! » Ils ont verbalisé la règle qu’ils avaient transgressé, en quoi il est toujours intéressant de respecter cette règle puis comment ils auraient pu faire autrement. Ils ont pu exprimer ce qu’ils avaient sur le cœur, mais également de quoi ils avaient besoin pour se sentir mieux. En adoptant cette attitude, la principale les a aidés à prendre leur part de responsabilité dans ce conflit. Ils n’ont pas cherché à jouer à « C’est pas moi, c’est lui ! » ou « Ce n’est pas de ma faute ».

Victor se sent soulagé. Il a reconnu son erreur de se battre. Il a donné du sens à son geste. Il a compris comment faire si une situation similaire se reproduisait. Il essaiera… et peut-être qu’il y arrivera ou peut-être pas. Ce n’est pas grave, on cherchera d’autres explications. La principale ne les a pas punis. Elle leur a demandé d’écrire d’autres scénarii possibles et acceptables pour tous face à ce conflit. Victor aura du travail ce soir, un travail de réflexion constructif d’un avenir différent. En sortant du bureau de la principale, Victor se sent mieux et prêt à retourner en cours. Evidemment, il ne sera pas forcément copain avec l’autre jeune mais il pourra le croiser sans crainte. Victor a mieux appris à nommer, reconnaître ses émotions, et surtout comment les exprimer de manière acceptable. Il apprend ainsi à mieux se connaître.

Les parents de Victor ont inventé des « temps de bonheur » à la maison. Pourtant, Victor est grand, il a quinze ans, mais il aime toujours autant. En famille, mais cela peut se faire aussi en classe, tous s’échangent des signes de reconnaissance positifs, ce que Claude Steiner appelle des « chaudoudoux » dans son livre : Le conte chaud et doux des chaudoudoux. Ils s’offrent des compliments, des qualités qu’ils trouvent chez l’autre, des gestes qu’ils ont appréciés chez l’autre. Ils prennent du temps pour ça. Ils se réunissent autour de la table et écrivent un chaudoudou sur une feuille qui est lue à l’ensemble de l’auditoire. Chacun essaie de reconnaître à qui va si bien ce chaudoudou. Ils varient souvent les situations. Certaines fois, ils inscrivent leur nom sur une feuille et chacun écrit un chaudoudou. Ils se retrouvent ainsi avec une feuille remplie de chaudoudoux. D’autres fois, cela se passe à l’oral ou dans l’anonymat. C’est une belle occasion pour ses parents de dire à Victor qu’il est beau, qu’il est aimé, que ses parents sont fiers de lui et que quoiqu’il arrive, ils seront toujours là pour l’accompagner.
Après cette séance, ils se sentent tous mieux, y compris les adultes. Ce sont des temps de pur bonheur qui construisent chacun. Ils permettent d’être reconnus dans ce qu’on a de plus beau en soi. C’est un moyen exceptionnel pour se construire une belle image, une belle confiance en soi, en ses qualités.

Victor a également rencontré des professeurs. Ses parents avaient craqué, à un moment ils n’ont plus eu les mots ni l’attitude adaptée. Ce n’est pas grave.
Quand nous, éducateurs, sommes « débordés », nous avons « craqué nerveusement » car la situation, était insupportable et nous nous sommes laissés emporter par le tourbillon de nos émotions, ce n’est pas irréversible. Nous pouvons toujours réparer. Nous pouvons reconnaître notre part de responsabilité, regretter, nous excuser, donner du sens à une attitude en nommant nos ressentis, chercher avec l’autre comment faire autrement si le contexte se reproduit. Nous ne devons jamais oublier que c’est à notre contact, en nous voyant vivre, agir et réagir, que l’enfant va se construire en harmonie.

Un scénario différent produit un autre Victor, une autre destinée, une autre vie.

L’enjeu est immense.

1 avril 2008

Très beau texte

Trouvée ici qui résume tout ! !

"

Victor est né il n’y a pas longtemps. Il marche vers le four qui est allumé. Sa maman se précipite et lui tape sur la main. Elle a eu peur qu’il ne se brûle. Victor pleure d’incompréhension mais aussi de la brûlure de la frappe. Il réessaie pour vérifier et reçoit la même réaction de sa maman qui crie et le met dans sa chambre. Victor ne comprend pas…
Victor a trois ans, il est en classe de petite section maternelle. Il s’est appliqué pour dessiner ce que demandait la maîtresse, mais il a du mal avec le geste graphique. Il appuie trop sur son feutre, il ne comprend pas pourquoi la maîtresse le gronde car il abîme les pointes. « Et pourtant ils sont fait exprès pour des enfants comme toi ». En corrigeant le dessin, la maîtresse dessine un visage qui fait la grimace en haut à droite de la feuille. En recevant le fichier aux vacances, ses parents voient cette grimace et lui disent que ce n’est pas bien…

Victor a six ans, l’âge d’aller au CP, à la grande école. Il est impressionné mais fier de lui. Apprendre à lire, c’est difficile. Il est né en fin d’année, il a des difficultés pour rester concentré et assis sur sa chaise. Il ne comprend pas pourquoi certaines fois B et A font BA, mais pas toujours. Si il rajoute un I, ça chante « Bai ». S’il met un N après, ça chante « BAIN » et s’il ajoute encore un E, ça chante encore autrement « BAINE ». Ce n’est pas simple quand on a à peine six ans. La maîtresse rouspète et crie, s’acharne à lui faire rentrer tout ça dans la tête. Rien n’y fait. On convoque ses parents. On ne comprend pas. Ses parents doutent de Victor, se font du souci. Ils vont consulter un spécialiste. Victor doute de lui, de ses capacités. « Et si je n’étais pas intelligent ! Je crée des problèmes à mes parents, ils parlent, discutent et j’entends ce qu’ils disent à travers les cloisons. J’ai peur de moi. Demain, j’irai mieux ». Mais le lendemain, le programme a continué et Victor a eu de plus en plus de pression. Il pleure, a peur, angoisse, bouge de plus en plus… « On le traitera pour les vers »…

Victor a neuf ans. Il est au CM1. C’est la veille de Noël, le directeur vient remettre les carnets de note. Ils s’appellent maintenant cahiers d’évaluation. A l’intérieur sont notées des compétences avec des renseignements comme : acquis, en cours d’acquisition et des non acquis. « Tiens, on est revenu à des notes chiffrées ». Sous la pression des parents et de quelques enseignants garants de la tradition scolaire, on est revenu au bon vieux système qui marchait si bien… pour les non exclus du système.
Le directeur appelle les enfants par ordre alphabétique. Ils se lèvent au fur et à mesure. Vient le tour de Victor qui tremble en son for intérieur mais ne le montre pas. Les sentences pleuvent sur la classe. Seuls les cinq premiers sont exempts de reproches. Devant tout le monde, ses copains et la maîtresse, il lit : «  Victor pense plus à s’amuser qu’à travailler. Peut mieux faire. Des difficultés en histoire et géographie. Apprend-il ses leçons ? » Victor baisse la tête, ses yeux fixent le sol. Il est triste et a peur de la réaction de ses parents. Il risque de se faire gronder. Papa va crier de déception. Maman va se prendre la tête dans les mains en disant : « Et dire qu’on fait tout pour lui, et voilà ce qu’il nous donne. Faites des gosses, vous êtes sûrs d’être déçus ! ». Ou alors : « Si tu ne fais pas ça, tu vas voir ce qui va t’arriver ! Attention Victor, tu vas te faire gronder ! Si tu n’as pas une bonne note, tu seras puni !... » Son père va lui supprimer sa console, activité dans laquelle il se réfugie, s’évade, où il fait semblant…

Victor a maintenant 13 ans. Il vient de se battre sur la cour de récréation pour protéger un de ses copains. Il est attrapé par le surveillant qui l’envoie en hurlant chez la principale du collège. Elle ne l’écoute pas, mais d’une colère froide le condamne aux travaux du mercredi après-midi en colle. Comme il a été le plus fort dans la bagarre, l’autre enfant est placé en victime, il n’aura pas de punition. Les parents de Victor l’obligent à s’excuser devant la principale et le surveillant. Victor est humilié, mais il ne dit rien. « C’est comme ça ».

Arrivé en lycée professionnel, les lycées où 80 % des enfants se retrouvent par défaut, parce qu’ils n’avaient pas le niveau pour le lycée général, Victor subit encore des notes, des moyennes. Il a 0 en anglais, 2 en maths. Il ne vaut rien. Il va le devenir… ce rien …

Des Victor, nous en avons tous rencontrés de nombreux. Presque tous les enfants sont des « Victor » ou plutôt le deviennent… comme si c’était une destinée, ma destinée, notre destinée.

Des éducateurs de Victor, nous l’avons tous plus ou moins été. Est-ce une raison pour s’en suffire ? Je ne le pense pas. En nous tous brille, au-delà de notre insécurité, de notre peur devant l’humain en devenir, une flamme d’amour, de bienveillance, d’empathie qui ne demande qu’à se raviver. Avant d’être éducateur de Victor ? Nous avons tous goûté du « Victor ». Nous l’avons tous été peu ou prou. C’était comme cela, un passage obligatoire pour devenir adulte. Et si nous nous étions trompés ? Et si nous pouvions changer le cours de l’éducation ? Sommes-nous obligés de rester fidèles, malgré nous, à cette « pédagogie noire » comme le définit si bien Alice Miller ? Pédagogie familière parce que connue de nous tous. Ne renions pas notre passé, ne renions pas nos parents et éducateurs, mais modifions nos pratiques. Des Victor ont pu devenir professeurs. Ils ne demandent qu’à s’épanouir.

La question du comment nous brûle tous les lèvres. Oui, comment faire autrement avec comme objectifs ? Nous tous, éducateurs : parents, professeurs, animateurs, surveillants  … comment faire pour préserver d’abord, développer ensuite une image positive de l’enfant qui lui donnera confiance en lui et aux autres ?

Réponse au prochain numéro o  o

Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 > >>
C'est moi qui l'ai fait !
  • Tout ce que j'ai fait et ce que je veux (vais?) faire de mes petites mains, de mes petits pieds : couture, peinture, voyages, photos et j'en passe... Pour se souvenir, partager et se motiver à réaliser tous les projets et tous les rêves !!! Et aussi, mon
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Publicité